and I made a book about it, interviews with dutch designers
Book with the interviews of twelve dutch designers: Joost Swarte, Max Kisman, Cobbenhagen Hendriksen, De Designpolitie, Ben Bos, Lenoirschuring, Mevis & Van Deursen, Joost Grootens, Peter Bil’ak, Karel Martens, Patrick Doan and Martin Majoor
fr/en Cobbenhagen Hendriksen
9-7-13
En 2008, les étudiants de Werkplaats Typografie vous ont posé la question suivante : « Avez-vous d’autres projets en dehors de votre travail au studio ? » Ce à quoi vous avez répondu : « Cette question nous fiche presque le cafard […] on se voit alors rester dans le même studio 20 ans durant, ça nous effraie et on se sent oppressé. Donc oui, il est naturel que nous ayons d’autres projets, lesquels se concrétiseront au fil de notre parcours. »(1) Et vous voilà, avec le projet You Are Cordially Invited… Comment y êtes-vous arrivé ? À partir de quel moment avez-vous ressenti le besoin de mettre en place autre chose ? Pourquoi un magazine artistique ?
C’est une bonne question. Eh bien… c’est parce que nous travaillons principalement pour des commissaires du monde de la culture et de l’art contemporain. Et nous avions travaillé pour des magazines d’art contemporain hollandais, nous avions créé le magazine All About Art, un projet pilote pour un public plus jeune. Et nous pensions que c’était vraiment une bonne idée de lancer un magazine pour ce type de public ! Nous étions très enthousiastes à l’idée de créer ce magazine mais, bien sûr, nous ne nous occupions que du graphisme et pas du contenu. Puis lorsqu’on nous a confié le contenu, nous avons été extrêmement déçues par le ton et la qualité de celui-ci. C’était du travail bâclé, ce n’était pas bien pensé. Nous avions tellement d’idées sur le sujet et nous ne pouvions pas les mettre en place. Après analyse, nous avons finalement compris d’où venait le problème. Le problème des magazines d’art contemporain, c’est qu’ils proposent toujours les mêmes images. Si vous vous rendez à une exposition et que vous demandez une image, vous obtiendrez toujours la même, celle des dossiers de presse. Et vous retrouvez ces images dans tous les magazines. En Hollande, il n’y a que trois magazines et tous publient les mêmes images. Vous ne prenez plus le temps de regarder l’image dans ce cas, vous vous contentez de la reconnaître et de l’associer à l’exposition. On diffuse partout le même dossier de presse et ça pose immédiatement problème. C’est alors que nous nous sommes dit : dans l’art académique, il y a plusieurs disciplines comme la mode, le design d’architecture, le design graphique… et d’une certaine manière, on peut établir un lien entre chaque. Alors pourquoi, dans les magazines de mode (en comparaison aux magazines d’art contemporain), crée-t-on des images dédiées au contenu ? C’est vraiment spécifique, on fait un shooting photo pour un magazine, cela dure quelques jours et implique le travail de toute une équipe. Pourquoi ce genre de chose se fait-il dans la mode mais pas dans l’art contemporain ? Comme personne ne le faisait, nous nous sommes dit que c’était à nous de le faire.
Habituellement, le graphiste fait le lien entre le contenu et la forme, mais ici, vous êtes l’auteur du contenu. Comment cela s’est-il répercuté sur le choix du design?
Quand vous en savez déjà tellement sur le contenu, ce n’est pas comme si vous deviez faire des recherches sur le sujet, voir de quoi il est question… Ici, nous étions allés si loin dans le processus que lorsque le contenu s’est rajouté, le graphisme allait de soi, sans qu’on y réfléchisse plus que ça. Nous avions seulement à réfléchir à quelle typographie correspondait le mieux.
Qu’est-ce qui vous nourrit en dehors du graphisme ?
L’art contemporain, l’art contemporain et l’art contemporain.
Chantal Hendriksen : Et aussi la typographie, la société.
Marijke Cobbenhagen : Si l’on fait référence à ce qui nous inspire, alors l’inspiration peut venir de n’importe où.
Menez-vous des projets personnels à côté de ceux que l’on vous commande ? Des recherches ?
Le magazine, surtout. Nous avons fait une série de posters il y a deux ans, un alphabet. C’était un projet à part que nous avons entrepris pour nous-mêmes.
Avez-vous eu l’opportunité de les ré-exploiter pour un projet professionnel ?
Le projet You Are Cordially Invited n’était pas simplement une distraction. Dès le début, nous y avons réfléchi dans une perspective professionnelle. La série de posters, en revanche, était plus personnelle. L’idée était de parler de notre travail pour une conférence, et ensuite nous en avons fait une série qui puisse être commercialisée, donc c’était différent.
Avez-vous déjà expérimenté des principes dans un projet que vous avez eu envie de développer dans des projets futurs ?
Il y a toujours quelque chose que l’on peut prendre dans un projet comme point de départ pour le suivant. Les choses sont reliées entre elles. Beaucoup de choses apparaissent dans un projet et vous piochez ensuite dedans pour le suivant.
Quels sont alors les liens entre tous vos projets ?
Je ne pense pas que vous puissiez les voir encore, ou bien nous ne le pouvons pas.
Ce serait alors quelque chose d’inconscient ?
Oui voilà, et c’est mieux ainsi.
Parlons de l’importance du détail dans votre travail. À quel moment du processus de création cela vous préoccupe-t-il ?
Les détails s’imposent par eux-même. Vous devez y réfléchir dès le début car ils rendent l’idée meilleure. Cela fait partie du processus. Autrement, la plupart du temps, on passe à côté du sujet. Mais certains détails ne vous apparaissent vraiment qu’à la fin, quand vous avez toute votre matière. Même chose à l’impression, la qualité d’impression est importante dans beaucoup de projets.
Auriez-vous un conseil à donner à un jeune graphiste ?
Soyez sans cesse à l’affût de ce qu’il se passe, de ce qui vous entoure et des difficultés, c’est vraiment important. Ne soyez pas inquiets, faites de jolies choses et profitez ! Ne restez pas assis à attendre. S’il n’y a pas de travail, créez simplement quelque chose.
(1) http://www.cobbenhagenhendriksen.nl/about/interview